dimanche 14 juin 2009

La tragédie Rom

Un article de "La Dépêche" concernant la tragédie Rom a attiré mon attention : " Entre le rêve et la chimère, où se situe la frontière ? Soumis à des conditions de vie indignes, méprisés dans leur pays, les Roms de Roumanie sont nombreux à caresser le fol espoir de trouver en France une vie meilleure".
J'avais déjà été très sensiblisée à ce problème en rencontrant une famille Rom du Kosovo dans un centre social. Rencontre que j'évoque dans mes écrits sur l'ex Yougoslavie en espérant faire voir le jour à un 2ème livre dont le titre serait : "Elle était venue d'ailleurs". C'est en Espagne dans une maison close où j'étais allée boire un verre avec un ami que je l'ai rencontrée....ELLE, cette fille de l'ex-Yougoslavie et, j'ai désiré comprendre....Pourquoi ? Pourquoi cette guerre? Pourquoi avons nous laissé faire ? Pourquoi cette indifférence ? ......


N’oublie pas…..

Regarde les, toi qui as chaud
Regarde les et n’oublie pas ..

La guerre n’épargne personne
Un jour tu entends frapper
Elle est là à ta porte
Tu ne l’avais pas vue arriver !

Regarde les et n’oublie pas

L’enfant de Mitrovica
Ne comprend pas
Pourquoi il n’a plus le droit
De jouer avec son ami Sacha .

Regarde les et n’oublie pas…

Les familles s’entassent dans des camions
Au péril de leur vie pour fuir l’horreur
Des filles sont enlevées par des trafiquants
Et amenées loin pour vendre leur corps

Regarde les et n’oublie pas

Ne la juge pas si demain tu la vois
Juchée sur ses talons parcourant le trottoir
En quête du client qui lui permettra
De payer avec son sexe le prix de sa liberté !

Regarde les, toi qui as chaud
Regarde les et n’oublie pas
Que ce qui arrive là-bas
Peut arriver un jour chez toi !
(Renée Taste)

Le Kosovo

« Existe t'il des guerres justes ? »(Georges Neyrac)

Lors d’une rencontre avec une famille Rom du Kosovo, je mesure l’écart qui nous sépare.
C’est à une journée des associations que je les ai rencontrés .
Un couple qui portait la guerre dans les yeux !
Lui, avec lequel j’arrivais à communiquer car, il s’efforçait d’apprendre le français, elle, n’ayant jamais été scolarisée dans son propre pays, enfermée dans ses traditions musulmanes . Peu lui importait les gens qui l’entouraient, la famille seule l’intéressait .
La famille c’était, son mari et ses six enfants dont les âges s’échelonnaient de 9 à 2 ans …pratiquement un enfant par an …sortie des couches, elle était à nouveau enceinte ! Quel âge pouvait elle bien avoir ? A peine 35-40 ans tout au plus . Un visage grave, ridé, creusé par les souffrances, les pleurs et la peur, un visage qui paraissait 20 ans de plus .
Elle semblait écouter ce que je disais et me regardait sans comprendre ce que leur voulait cette étrangère à la peau trop claire, aux yeux trop bleus, au sourire dérangeant !
Je la gênais, je le lisais dans son regard et elle avait hâte de me voir m’éloigner .
Deux mondes trop différents nous séparaient !
Un an et demi chez nous et, elle ne prononçait toujours pas un mot et, ne semblait pas éprouver l’envie d’en savoir plus . Elle était toujours là-bas au Kosovo dans la ville de Mitrovica ! Cette ville de plus de 80 000 habitants située au nord du Kosovo est au cœur des préoccupations depuis la déclaration d’indépendance du Kosovo le 17 février 2008. La rivière, Ibar, apparaît comme une frontière entre les deux quartiers. Au nord, avec pour monnaie le dinar serbe et une langue slave (le serbe), un quartier majoritairement serbe ( 16 000 habitants dont plus de 13 000 serbes). Au sud un quartier albanais dont la monnaie est l’euro et la langue l’Albanais. Sur les 66 000 habitants, 65 000 sont serbes. Le futur des petites minorités comme les Roms, les Askhali, les Gorans est très incertain.
Là-bas m’a-t-il dit, il travaillait dans un magasin de vêtements .
Difficile pour lui de me parler de son pays . L’histoire était encore trop douloureuse . Le problème des Roms…. ces exactions ethniques se sont elles intensifiées par la suite ? Pourquoi ont ils quitté le Kosovo alors que la guerre semblait achevée ? Je ne peux émettre que des suppositions….
Le chemin qui les a amenés là ? Il ne sait pas .
Partis de nuit, entassés dans un camion avec une autre famille, il n’a rien vu de la route qu’ils empruntaient . Deux journées minimum de trajet mais, il ne se souvient pas, enfermés dans le noir, ils en arrivaient à confondre nuit et jour ! Et, cette angoisse qui les tenaillait….cette peur d’être arrêtés et refoulés !
Ses yeux s’embrument en contant cela et, je n’ose interroger plus …Je l’imagine tenant dans ses bras, serré contre lui, ce bébé âgé de six mois à peine . Arrivés à Toulouse, ils ont dormi une nuit dans la rue avec cet enfant . Personne ne leur a tendu la main . Ce manque d'hospitalité l'a blessé et, il me le dit avec un regard empreint d'une profonde tristesse . Après un mois dans cette ville, ils ont été envoyés dans le Tarn .
L’autre famille avec laquelle ils ont voyagé ? Que sont ils devenus ? Il n’en sait rien ? Ils sont partis….ailleurs !
Il a envie d'apprendre notre langue me dit il car il l'aime . Il pourra ainsi trouver un emploi, s'intégrer mais...elle ? Il la regarde et m'explique qu'elle n'a jamais été à l'école . Pas de mépris dans ses yeux mais, il hausse les épaules avec une certaine résignation ! C'est ainsi !
Pendant la période Tito me dit il, tout allait très bien . C’est à sa mort que les problèmes ont commencé !
Le Kosovo ? région montagneuse de 10 877 km2 … Deux petits départements français ! Un pays minuscule de religion musulmane . Près de deux millions d’habitants dont 90% d’albanais .
Tantôt sous la domination serbe, tantôt sous celle de l'Albanie, le Kosovo obtient sous Tito une certaine autonomie . Il devient alors le « Kosovo autonome » à l'intérieur de la république de Serbie, bénéficiant alors d'un parlement et d'un gouvernement propres et possédant même un droit de veto sur les lois promulguées en Serbie .
Les serbes ressentirent cela comme une discrimination à leur égard et prétendirent que cette autonomie avait entraîné l'exode des serbes .
Une révolte dure éclate en février 1989. 1300 mineurs retranchés au fond des puits demandent la démission des dirigeants politiques. Cette grève durera 8 jours, laissant des familles inquiètes et sans ressources.
En mars 1989, le président de la Serbie, Slobodan Milosevic, abolit l'autonomie et le couvre feu est instauré. Le serbe est la langue officielle . L’état d’urgence est déclaré. Répression et arrestations se multiplient.
Dans les mois qui ont suivi, des cadres Albanais ont été limogés.
Le Kosovo devient alors un véritable « baril de poudre » prêt à exploser .
La guerre a-t-elle débuté au Kosovo ?
Tombé sous la juridiction du ministère de l'éducation serbe, les albanais du Kosovo désertent les écoles et les collèges .
Le 6 mars 1998, c’est la guerre au Kosovo. L'échec des négociations de Rambouillet en février 1999 et les frappes aériennes de l'OTAN ne firent pas plier Milosevic, bien au contraire, mais attisèrent la vengeance serbe, entraînant la purification ethnique . On assista alors au spectacle tragique de femmes et d’enfants jetés sur les routes de l’exode ….
Le 10 juin, le retrait des forces serbes commença . La guerre était terminée .
Le 17 février 2008, le Kosovo déclare son indépendance avec l'appui des grandes puissances .
Les écoles albanaises ont rouvert leurs portes en septembre 1999, bien souvent dans des maisons privées . Beaucoup d'écoles ont été détruites au cours du conflit .
Dans la partie nord du pays, les populations serbes sont majoritaires et leur situation ne fait que se détériorer .
Comment vont ils continuer à cohabiter dans un tel climat ?
Cette guerre est elle véritablement terminée ?

« La guerre est un mal qui déshonore le genre humain . »(Fénelon)



Les Roms

« Je suis de la couleur de ceux qu’on persécute » (Alphonse de Lamartine)

Qu’on les appelle Bohémiens, Roms, Gitans, Tsiganes, Manouches, ces populations nomades seraient venues d’Inde et il semblerait qu’ils soient apparus au XIV° siècle en Europe .
Les Roms sont établis en Europe de l’Est . Près de huit millions sont installés dans les Balkans et trois millions d’entre eux vivent en Roumanie .
Peuple sans terre, refoulés de tous côtés, regardés avec méfiance, ils inspirent une certaine répulsion à la plupart d’entre nous ! Parfois, dresseurs d’animaux, colporteurs, diseuses de bonne aventure, ils excitent l’imagination mais, comme bien des groupes nomades, ils amènent la suspicion ! Epreuves et persécutions ont jalonné leur vie. Plus de 800 000 furent victimes des nazis et ils rejoignirent les juifs dans les camps d’extermination.
Appelés autrefois « gens du voyage aujourd’hui on les nomme Roms .
Arrêtés en voiture à un feu rouge, il n’est pas rare de les voir surgir avec seau et éponge à la main pour laver le pare-brise.
Après la guerre de Bosnie-Croatie-Serbie, ils sont plus de 50 000 à fuir leur pays pour rejoindre l’Allemagne ou la France.
Dans les années 2000, contraints de fuir la guerre et les attaques albanaises au Kosovo, ils sont plus de 150 000 à se réfugier en Europe, aux Etas Unis et au Canada.
Ni Serbe, ni Kosovar, ils ne sont acceptés ni par les uns, ni par les autres ! Accusés par les Kosovars d’avoir aidé les Serbes, ils sont aussi rejetés par les Serbes !
Cette guerre n’est pas la leur mais, ils en sont les premières victimes !
Dans la ville de Mitrovica, les 6000 Roms qui peuplaient le plus grand quartier rom (le Mahala) du Kosovo, ont cinq minutes pour quitter leurs maisons. Aucun bagage n’est autorisé. Les maisons ont été ensuite brûlées.
En apprenant tout cela, je comprends la raison de la fuite de cette famille de Roms du Kosovo rencontrée.
Mais, pourquoi la femme n’a-t-elle pas été scolarisée dans son pays ?
Je découvre alors que les femmes Roms ne sont pas seulement confrontées à la discrimination ethnique mais aussi à d’autres discriminations dans le domaine de l’instruction et de l’emploi et, ceci, à l’intérieur même de la communauté .
La seule ambition de la femme est de satisfaire son époux et de s’occuper de ses enfants . Leur journée de travail est très longue et commence tôt le matin avec la préparation du bois de chauffage !
La petite fille Rom apprend dès l’âge de 5 ans à faire le pain, s’occuper de la maison et apprend très vite à devenir une bonne mère et une bonne épouse !
C’est la tradition rom !
De plus, ils n’ont pas toujours les moyens financiers de scolariser les enfants alors, les filles sont les premières à être exclues du monde de l’école. Son rôle est autre et, l’homme n’a nul besoin d’une femme cultivée !
La femme attend le mari, lui prépare le repas et va même jusqu’à lui laver les pieds lorsqu’il rentre à la maison.
Pourquoi, diable ! aller à l’école ? Sa vie est organisée à l’avance !
De plus, même si l’école est obligatoire, comment exercer une pression sur les parents ? Il n’y a pas comme chez nous d’allocation familiale alors, quel moyen de contrainte peut-on trouver ?

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