mercredi 27 avril 2011

Etre "fille mère" ailleurs......


Mon voyage au Maroc m’a amenée à découvrir la difficile situation des mères célibataires et de ces enfants qui sont pour certains…. "les enfants de la honte…".
Ma grand-mère les appelait chez nous, en France : « les enfants de l’amour…. » même si, à cette époque, l'enfant de l'amour était montré du doigt.....
Amour et honte seraient-ils donc si près l’un de l’autre ?
Au Maroc, la loi condamne une mère célibataire (de deux à six mois de prison) et, elle est considérée comme une prostituée.
Les familles les renient et, la société marocaine les rejette. Sans ressources, elles abandonnent leur enfant….
Le statut de prostituée devient leur lot quotidien car, sans emploi ni logement, certaines n’ont plus d’autre solution pour survivre.
Tandis que le père se protège derrière le « qu’est-ce qui prouve que c’est moi ? », leur grossesse cachée est vécue dans l’angoisse et, quand viendra le jour de l’accouchement, la honte et la crainte de l’arrestation les fera vivre dans la peur…
Des associations oeuvrent depuis quelques années pour protéger ces femmes..
L’association INSAF, fondée en 1999 par une chef d'entreprise produisant des articles de bureaux, Meriem Othmani, dont "l'objectif principal est de lutter contre l'abandon », aide les femmes à avoir une formation puis un travail.
Mais, la « hchouma », mélange de honte et de pudeur, ralentit l’action de ces femmes qui sont accusées de favoriser la prostitution.
La reconnaissance de l'enfant par le père est une entreprise difficile.
Aïcha EchChenna, présidente d'ASF (association Solidarité Féminine), mène un combat qui s’appelle : ADN !
"Il faut que cela devienne un outil entre les mains du juge".
"Ces enfants grandissent dans la haine et n'ont que ça à donner. Ils ont des comportements violents, reproduisent ce qu'ils ont vécu" prévient Aïcha "Il ne faut pas seulement créer des orphelinats ou des structures pour s'occuper d’eux. Il faut changer les mentalités, humaniser le Maroc".
Pour la seule ville de Casablanca, depuis 1999, 450 femmes sont passées par l’INSAF et 200 par l’ASF….
Des articles de loi prévoient le recours à la science pour prouver ou contester une paternité, mais seulement lorsqu'elle survient en cours de fiançailles.
Mais, qu’en est-il des autres ?
Le code occulte le problème …
Et, pour Aïcha Ech-Chenna. « A quoi peut bien servir le test de paternité si le père n'assume pas à part entière l'enfant que la loi lui reconnaît ? » et, une analyse coûte 1200 dirhams.
Depuis la réforme, le père peut reconnaître son enfant sans épouser la mère.
« On peut même craindre un recul des mentalités. Des groupes islamistes font du porte-à-porte afin d'effrayer les gens avec la Moudawana. On leur dit que leurs filles peuvent fuir avec le premier inconnu pour se marier. Qu'on donne le droit aux filles d'avoir des amants et de poursuivre des hommes innocents avec l'ADN » dit la présidente de l'ASF.
La situation des mères célibataires reste encore bien floue…. .
Cette nouvelle Moudawana favorise principalement les épouses ( en réglementant notamment le divorce et la pension alimentaire), mais contient aussi des assouplissements pour les mères célibataires et leurs enfants.
Auparavant, une femme devait trouver 12 témoins pour prouver qu’un homme était le père de son bébé, aujourd’hui, des tests d’ADN peuvent être demandés par le juge. Elle peut aussi choisir le nom de famille de sa fille ou de son fils et l’inscrire sur le certificat de naissance, et, donne ainsi un statut légal à l’enfant.
Avant, l’enfant illégitime ne recevait aucun patronyme à la naissance, et cette absence d’ identité était un handicap pour le reste de sa vie personnelle et professionnelle.
Mais, au-delà des lois, c’est la mentalité qu’il faut faire évoluer….
« Les enfants ne possèdent pas les faiblesses et les vices des adultes ; dans l’amour et dans la haine, ils sont plus forts, plus proches et plus purs que nous. » (Goce Delcev)

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