mercredi 22 janvier 2014

Ecole d'hier et d'aujourd'hui !


 " Les difficultés relationnelles entre parents et enseignants, entre enfants et enseignants, les violences qui surgissent en permanence dans l'univers scolaires, ont fait l'objet de beaucoup de commentaires, d'explicitations et de recherches pour trouver des solutions. Je crois cependant qu'il serait possible de pouvoir faire avancer ces questionnements avec une écoute différente et de proposer ainsi une autre dynamique dans les échanges. (J.Salomé)"

Nous n'avons pas su passer du trop de sévérité d'hier à trop de liberté et, nous nous trouvons aujourd'hui désemparés devant une situation qui nous échappe !

ça, c'était hier : 


Le lycée
                           « Lycée, ah! Cimetière du temps de ma jeunesse ! » Gheorghes Bacovia

" « Au lycée », poursuit-elle, « une bouffée d'indépendance m'a aidée à me libérer. J'ai commencé à prendre confiance en moi, aussi, c'est vers l'éducation physique que je me suis tournée et, principalement vers la gymnastique. Elle a été par la suite mon seul intérêt.
Moi, qui étais nulle en sport au collège, qui avais du mal à ma situer dans l'espace voilà que je devenais la première en éducation physique ! Pas un de mes professeurs d'EPS au collège n'aurait pu penser cela mais, l'enfant évolue ! Aussi, je me refuse à accepter une orientation trop hâtive car, il est important de donner à l'élève la possibilité de choisir une autre voie, à n'importe quel moment ! Tant que j'étais mal dans ma tête, tant que je n'étais pas moi mais, ce que la famille voulait que je sois, je ne pouvais m'approprier l'espace. Alors, dès que j'ai quitté mon village, que je me suis libérée des chaînes de l'enfance et de l'emprise familiale alors, j'ai enfin pu me situer !
Pourtant ce vieux bâtiment gris et austère, près des rives du Gers n'avait rien d'attrayant et accéder dans l'établissement par des grilles n'avait rien d'engageant !
En seconde, j'ai découvert l’internat dans un lycée de jeunes filles. C'était l'époque des blouses : bleue une semaine et rose la semaine suivante. Je me souviens des promenades en uniforme le jeudi et, c'est pour échapper à tout cela que j'allais faire du sport ce jour là, sortir de ce cadre trop rigide de l'internat et… rencontrer des garçons ! N'être qu'entre filles, c'est à la longue très dur à vivre ! Les week-end de « colle » où il fallait passer quinze jours consécutifs dans le lycée est un sale souvenir tout comme cette salle d'étude triste, sans soleil ! Privées de liberté toute la semaine, on était puni dès qu'on parlait un peu et… il fallait encore rester là le samedi et le dimanche !

Je me souviens de cette surveillante qui m'avait punie pour peu de choses… quelques bavardages et à laquelle j'en ai voulu pendant quelque temps parce que cela ne méritait pas une telle sanction. Je revois ces grandes pièces sombres qui nous servaient de salles d'études. Le dessus des bureaux se soulevait. Aussi, avec des amies, nous nous cachions derrière et entamions de passionnantes parties de belote ! Le souvenir me renvoie l'image de ces dortoirs immenses et tristes, rien de comparable avec l'internat d'aujourd'hui ! Pas de chambres particulières. C'était des dortoirs dans lesquels une cinquantaine de petits lits étaient alignés. Les douches étaient communes. Très peu d'intimité ! Parfois, les élèves allumaient des lampes électriques sous les draps et continuaient à bûcher ! La « pionne » ( nous appelions ainsi les surveillantes) dont la chambre était à l'entrée du dortoir effectuait quelques rondes la nuit. "

Et, ça, c'est aujourd'hui :
"Une élève que je grondais et que j'ai prise par l'épaule afin qu'elle me regarde me décroche un : 
« Vous n'avez pas le droit de me toucher… , je le dirai à mes parents »
Finalement, le soir, la nuit, vous angoissez. Que va t’elle raconter aux parents ? Plus question de gronder… ça les perturbe. Les prendre par l'épaule… c'est très mal interprété ! et, si de surcroît, cet enfant n'a pas la même couleur de peau… vous êtes raciste ! Une élève que je réprimandais me traite de : « raciste ! ». L'amusant est qu'une petite magrébine avec laquelle je n'ai aucun problème et qui assiste à la scène rigole et lui dit : « bizarre, avec moi, elle ne l'est pas »

Deux élèves se bagarrent dans le couloir. Je les gronde et les punis tous les deux. Le lendemain, la mère vient me trouver, et désapprouve la punition. Ce n'est pas son fils qui a commencé. Je ne suis pas là pour mener une enquête et, je ne change pas d'avis ! La maman part déçue et, moi, je le suis aussi devant l'attitude d'une collègue !
La semaine suivante, j'entends un grand bruit dans le vestiaire des garçons. Je me précipite et trouve le même élève sautant de banc en banc ! Je mets un mot dans le carnet :
« Votre fils saute de banc en banc au risque de se faire mal et de détériorer le matériel.  »
Je n'ai plus jamais entendu parler de cette maman ! Par la suite, j'ai eu un autre de ses fils et, nos rapports ont été bons. "

C'était deux extraits de "Au risque de me perdre" publié en 2009 ! 


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